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L'Artiste               14.02.1934  |  15.03.2012

Les mains d’enfant de Noël Bornardi ont commencé à tracer leurs premiers bâtons sur les pages grises des tables de marbre, avant de continuer à apprendre à lire la matière dans le modeler de l’argile et dans la taille de l’ivoire et du corail. Avec patience, elles ont finit par apprendre à écrire dans la pierre et dans les pierres plus dures de Corse.

C’est le germe de cette passion d’enfant qui au fil des ans va soutenir et affirmer le plein épanouissement de l’artiste. Un marteau, un ciseau et le granit Corse, il n’en faut pas d’avantage à Noël Bonardi pour faire éclater avec bonheur les promesses d’une vocation précoce.

Dans son atelier d’Afa peuplé de quelques-unes de ces œuvres, d’ébauches et de blocs de pierre, l’artiste s’isolait pour travailler loin du tumulte et de l’agitation. Ce n’était pas vivre dans une solitude profonde que de recevoir ses visiteurs et ses amis, mais cette discrétion, cette timidité qu’on devine chez lui, c’est en fait le silence de l’artiste, celui du monde intérieur crée par lui dans lequel il allait puiser la fièvre de l’inspiration et la joie de la création.

 

Son physique d’homme musclé, à l’épaule large et au crâne rasé, frappant avec une rage émotionnelle, de grands blocs de pierre dure, dans cette force et cette densité qu’il exprimait, on a voulu y voir l’image des premiers Corses sculptant les premières ébauches anthropomorphes dans les figurations des pierres monumentales qu’ils nous ont laissées.

 

Alors, les Pierres de Corse n’ont plus de secrets pour lui. La diorite orbiculaire de Santa Lucia di Tallano, le granit noir de Levi, le porphyre rouge de Porto et le granit rose de l’Ospedale.

On peut fort heureusement aujourd’hui contempler un grand nombre de réalisations de Bonardi comme le balai des deux dauphins, poli et réunis dans leur danse, sur la place de la mairie de Pianottoli, les nombreux monuments dédiés à la résistance de la Corse, et la majestueuse et impressionnante statue du Christ Roi, qui a demandé deux années de travail, taillée dans un bloc de granit rose de l’Ospedale, de cinquante tonne, et qui domine de ses six mètres le col de Vergio. Dans le village d’Allando, un bloc de granit représente le personnage de Sanbucucciu.

Devant le travail terminé ont oublie les instruments de choc, presque barbares, utilisés pour attaquer le pierres le plus dures. On oublie l’énergie colossale déployée pour s’exprimer dans la taille grandiose de certains monuments, pour ne retrouver que le silence de l’œuvre achevée et n’imaginer que la caresse du ciseau qui passe et fuit sur les formes effleurées.

C’est incontestablement dans la superbe attitude de "La Pudeur", qui cache sa nudité, sur un boulevard qui longe le bord de mer à Ajaccio, que l’ont peut faire la rencontre avec le talent de Noël Bonardi.

Un corps féminin silencieux, une femme saisie dans le granit rose, aux formes pulpeuses, qui cache sont visage derrière sa chevelure, qui ne dit rien, pour mieux tout révéler de sa grâce et de son charme. Une harmonie et une beauté, les valeurs certaines de la création de l’artiste.

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